La parole n’a pas forcément de lien avec l’action. Le cercle de parole est d’amener une démarche fondée sur la parole.
« On travaille avec le cercle de paroles » : c’est un cadre. (on n’« utilise» pas un cercle de paroles)
Cadre : c’est un rituel hérité de sages (Amérindiens), de génération en génération. C’est un héritage traditionnel.
Cercle : « Quand je fais un cercle de paroles, je suis avec tous les gens », c’est une responsabilité moins grande. Il y a une dimension symbolique, on s’inscrit dans qqch de plus grand, de plus vaste. Le cercle met tout le monde sur un pied d’égalité, c’est-à-dire que c’est le rituel qui compte et non la structure sociale du lieu. Dès le moment où le cercle de paroles est accepté, c’est le même rituel pour tout le monde (on n’a pas l’idée qu’il y ait des « bénéficiaires » dans le cercle de paroles).
Apprentissages
- C’est le principe du co-apprentissage : on apprend et on transmet, on apprend mieux quand on transmet ce qu’on a appris.
- Plus on fait de liens en apprenant, plus le cerveau se développe.
- Plus on est ensemble, plus on fait des liens.
- Ceux qui apprennent s’apprennent des choses. Un climat de confiance permet cela. Il est important de partager ce qu’on sait.
- Chacun de nous est enseignant et enseigné.
- Chacun est complexe et complet.
- Chacun peut donner et recevoir.
- La souffrance, parfois est de ne plus savoir ce qu’on peut apporter aux autres.
Disposition du cercle de paroles
- En cercle
- Espace confidentiel, à l’écart
- Ce n’est pas ouvert : les gens qui viennent restent le temps du cercle de paroles
- Pour les retardataires, 3 chaises sont prévues à droite de l’animateur : ceux-ci entrent, s’asseyent sans saluer, ne perturbent pas, attendent leur tour.
Gestion du cercle de paroles
- Nombre de participants jusqu’à 15, au-delà de 20 prévoir un 2ème cercle
- Le cercle de paroles dure env. 2 heures
- Elément de base (outil) : bâton de parole
L’animateur, l’animatrice
- Ne prend pas la parole sur le sujet qui passe
- Pose les questions à chaque tour ; résume en « ramassant » (synthétiser) ce qui a été dit pendant le tour
- Peut interrompre pour des questions techniques
- N’induit rien, ne nie pas la parole de qqn, n’intervient pas sur ce que les autres ont dit
Consignes
- Le bâton circule vers la gauche
- Le bâton ne peut jamais revenir en arrière
- Seul celui/celle qui a le bâton en main a le droit de parler
- On ne peut sauter personne
- Si quelqu’un ne veut pas parler, il passe le bâton au suivant sans rien dire
- « Dans le cercle chacun occupe une place »
- La confidentialité est de mise
- La première question est posée par l’animateur/trice soit sur un thème choisi d’avance, soit à partir des préoccupations ambiantes
Les tours
3 « paquets de tours »
Premier paquet
- 1er tour : état des lieux
- 2ème tour : « avez-vous qqch à ajouter ? »
- 3ème tour : « Encore qqch à dire, à ajouter ? »
Durant ce premier tour, symboliquement il y a restauration du corps social. Il y a changement de regard sur soi et les autres. Questions assez générales pour récolter des infos. Permettre à chacun-e de garder ou d’acquérir de la dignité. L’animateur apprend à se faire une idée assez vite de ce qui se passe durant le premier paquet de tours
Deuxième paquet
Phase plus active. Approfondissement d’une question, exploration de ce que les gens ont mis déjà en œuvre (empowerment), « Comment avez-vous réglé ce problème quand… ? »« Qu’est-ce qu’on fait avec cela ? »
« Vous avez décidé d’agir ? » « Pouvez-vous partager les idées que vous avez ? »
Troisième paquet
Il sert à traiter les éventuels conflits, les objections. Animateur : « Il y a à régler des questions, clarifications, approfondissements à apporter, on a besoin de se parler, toujours avec le bâton et le cercle de paroles.
P.ex : « Quelqu’un a dit tt à l’heure : X, je ne comprends pas ce que X a voulu dire… »
Le bâton passe… la personne s’exprime quand elle tient le bâton.
Les gens sont invités à rester dans une dynamique de respect individuel, pas de jugement, essai de clarifier les divergences.
Le bâton tourne, plusieurs questions peuvent être soulevées, on en prend une (ds l’ordre d’apparition, l’une après l’autre), on peut prendre note des suivantes et reprendre à une prochaine séance.
Généralités sur le cercle de parole
- Le cercle de paroles agit sur un plan symbolique, il est donc accessible à tout le monde, ce n’est pas intellectuel, pas besoin d’avoir une formation pour y participer.
- Il agit sur l’inconscient collectif. Il est universel.
- Le bâton de parole a une portée symbolique forte.
- On explique le moins possible vu qu’on travaille avec des symboles.
Rituel
- C’est un rituel, qui, validé au niveau communautaire, a une dimension universelle.
- Un ordre est donné, cela a un début, une fin.
- Vient de l’archaïque. : oral, transmission non-écrite, ne passe pas par la tête. Dans l’ensemble du corps directement.
- Participe du « sacré » (transcende, dépasse ce qui se passe ici et maintenant)
- Le rituel est automatique : il parle sans paroles, transcende, est répétitif, transmet (est « vieux »), est routinier, est transformateur.
- Le bâton n’est « ni bon ni mauvais »
- Le cercle n’est pas un privilège, il sert de limitation exclusive à ceux qui sont dedans.
- Le cercle dépend de ceux qui le mettent en place : bienveillance, vigilance !
- Tous les membres du cercle sont garants de la bienveillance dans le cercle, ils sont responsables en commun (autorégulation) de la prise de parole.
- Le cercle ne sert pas à faire des débats, ce serait plutôt « Tourne ta langue sept fois dans la bouche avant de parler »
- Il s’agit de faciliter l’expression, de respecter la dignité, de pouvoir accéder à son identité au sein du groupe.
- Le cercle permet la reconnaissance des plus petits « silencieux » dans un groupe.
- Il donne la parole à ceux qui n’ont pas l’habitude de s’exprimer en public, ni qu’on les écoute.
- Le bâton rend visible et audible des gens qui sont d’habitude invisibles et inaudibles.
- Il apprend l’humilité aux puissants.
- On ne sait jamais ce qu’on va obtenir à la fin (pas d’objectif).
- « Le cercle vous appartient ! » : pour avoir une chance de faire plusieurs tours, donc d’approfondir le sujet en ayant chacun-e- l‘espace de parler -> auto-régulation.
Empowerment
Quand les plaintes ou les vécus difficiles sont exprimés, une phase très importante s’amorce, qui est de rendre commun ce qui a été dit et de rechercher les ressources que les gens ont déjà mises en œuvre dans le passé: « quelles ressources avez-vous développées dans cette situation-là ? »
Comment les gens ont passé de pas de solution à l’existence possible d’une solution ?
Les compétences individuelles développées peuvent devenir une compétence collective = empowerment. Le fait de les nommer va augmenter la conscience d’avoir des compétences.
Ce qui a servi à un peut servir à tout le monde.
L’animateur est là pour synthétiser les pistes qui ont été données par les participant-e-s.
Comment utiliser ces pistes ? Qu’est-ce qui est le plus adéquat ? Analyser finement…
P. ex. on a un problème de cohésion sociale, de « vivre ensemble » : qqn parle du bruit, on entend d’autres problèmes…on choisit le problème du bruit qui devient le problème de tout le monde. Donc on redonne une dimension communautaire à un problème qui paraît individuel ou alors on donne une dimension individuelle à un problème qui paraît inhérent à la communauté.
Transmission du cercle de paroles
Le cadre :
- est hérité de sages, de génération en génération.
- « Il m’a été légué par une sage. »
- Héritage traditionnel
Le cercle : « qu’est-ce que je peux redire à mes vieux sages ? » (de ce qui se passe ici). « Quand je fais un cercle de paroles, je suis avec tous les gens (qui le font aussi, ailleurs). » La responsabilité individuelle est moins grande, la dimension symbolique fait qu’on s’inscrit dans qqch de plus grand plus vaste.
Si le cercle plaît, en Haïti :
- Il faut un temps d’apprentissage
- « Ça prend du temps » (moi-même j’apprends !)
- « On peut commencer ensemble »
- « Qui a envie d’animer le cercle?
- « On se souvient de ce qui a été important pour vivre mieux ! »
- « L’important c’est de pratiquer beaucoup, peu à peu certains auront envie d’animer ! »
- « L’an prochain, il sera possible de former des gens ! »
Au début d’une pratique de cercle de paroles, il est important de bien faire passer le bâton et de veiller à ce que tous puissent s’exprimer.
Sortie du cercle de paroles
Matériel : grande pelote de ficelle.
- Faire se lever les gens
- Evoquer : ce qui se tisse entre nous, buy buy la toile=capteur de rêves
- Ce qui nous reste : construction communautaire (pas les mauvais rêves)
Déroulement : lancer la balle à qqn, cette personne prend le bout de a ficelle en main, dit ce qu’elle a à dire (évaluation) et lance la pelote à une seconde.
Tout le monde passe, y compris l’animateur (qui n’est pas le dernier à passer, c’est mieux).
Quand on a fini, on pose la toile par terre. Elle reste. (symbolise ce qui s’est passé pendant la journée)
Transcrit d’après les paroles de Véronique Isenmann, Fribourg, automne 2017, Sylvie Uhlig Schwaar.
Anti-trauma : le tapotement SIMAMA
Yanicouni Yanani (13X)
- Main droite (phalange du bas, percussion assez puissante, ça ébranle, ça martèle) : tous les doigts jusqu’au pouce)
- Au-dessus des sourcils
- Tempe
- En-dessous des yeux
- Sous le nez
- Sous la lèvre inférieure, menton
- Creux claviculaire
- Une main sous creux de l’aisselle, sur la ligne médiane
- Deux profondes inspirations et recommencer
- Finir avec main gauche.
« Le trauma désarticule, avec le tapotement on réarticule. »
Ne pas regarder l’autre dans les yeux en lui faisant le tapotement.
On peut faire le tapotement au début, à la pause, après le repas, à la fin….
Faire sur soi au début. Puis à deux (aider l’autre à aller mieux). Chanter ensemble.