Cycle Dire&Agir avec Médecins du Monde à la Maison de Santé de la Chaux-de-Fonds

Dates : 22.03 ; 28.03, 19.04 et 26.04 2017 de 10h15 à 12h15.

22 mars 2017. Première séance.

  • Présentations des intervenants, de l’interprète, de l’infirmière de MdM et de 6 participant-e-s.
  • Règles : confidentialité, liberté de participation, engagement de présence, dans la mesure du possible

Exercice en deux petits groupes de 3 pour faire connaissance, et sur la question :

 » Quelles sont les principales difficultés rencontrées actuellement ? »

1er groupe répond en fonction de ce qui les a amenés en Suisse :

  • Guerre
  • Destruction
  • Dictature

2ème groupe répond en fonction de ce qui est vécu actuellement :

  • Incertitude
  • Peur de ce qui vient
  • Irruption de la police la nuit pour chercher les cas Dublin
  • Pressions subies
  • Manque de confiance manifesté à leur égard
  • Nulle part où aller
  • Pas confiance (dans les gens, en l’avenir)
  • On nous traite de menteurs

28 mars 2017. Deuxième séance

2 nouvelles arrivantes. On rappelle la confidentialité et la liberté de

Participation, présentations refaites. Résumé de la dernière séance.

Exercice avec tout le groupe sur la question qui est apparue dans le groupe au cours de la séance précédente :

« Comment rester humains quand on est traités comme des animaux ? »

Un participant écrit une traduction arabe sous la phrase en français, qui est retraduite aux intervenants ainsi :

« Comment préserver notre humanité, que les lois de la nature nous ont données, alors qu’on est traités comme des animaux ? »

Le groupe discute sur la problématique « Dublin » qui est la principale préoccupation des personnes présentes.

NdR : les cas Dublin sont des NEM Dublin (non-entrée en matière) : cela veut dire ne pas examiner les motifs de fuite invoqués par la personne en demande de protection. La demande doit être examinée par un état (par lequel la personne a transité) qui applique le règlement de Dublin et qui est responsable de mener la procédure d’asile.

Discussion du groupe

  • « Un exemple : une jeune femme est entrée en Suisse, venant de Somalie, avec les jambes amputées, porte des prothèses. Elle est maintenant décédée. Elle a reçu un avis négatif quelques jours avant de mourir, elle aurait dû retourner en Italie. Ca cas semble tout à fait emblématique au groupe. »
  • « Il y a beaucoup de souffrances liées au cas Dublin. »
  • « Nous sommes contraints de laisser nos empreintes. »
  • « La Suisse ne tient pas compte du fait que des membres d’une famille aimeraient rejoindre d’autres membres de cette même famille réfugiés en Suisse. »
  • « Dans la culture arabe, les filles tant qu’elles ne sont pas mariées doivent être sous la protection de membres de la famille, les grands frères. « On a été élevées comme ça ! »
  • « On ne tient pas compte du fait qu’une personne est mariée. »
  • « On a de grandes familles : c’est aux grands de protéger les petits, d’où notre besoin de nous regrouper. Ceci n’est pas entendu par les autorités suisses : p.ex. un père resté seul en Syrie n’est pas accepté en Suisse alors que ses enfants sont en Suisse. Il se trouve obligé de venir par un réseau de passeurs. »
  • « Il ne suffit pas d’être nourri logé en Suisse. Il faut que la vie ait un sens. On devrait avoir l’autorisation d’avoir une activité, de travailler, ce qui voudrait dire qu’on est des être humains. »
  • « Ce n’est pas une question de salaire, mais de dignité humaine. »

19 avril 2017. Troisième séance

Une nouvelle arrivante amenée par une participante, en tout 5 femmes et un homme. Résumé, rappel des règles de confidentialité et de liberté de participation (qui diminuent la peur de la nouvelle arrivante, qui n’osait pas parler)

Exercice avec tout le groupe sur la question : qu’est-ce qu’on peut faire ou apprendre quand on ne sait pas si on peut rester ou qu’on doit partir ? », dont la traduction en arabe par une participante donne: « Comment peut-on s’intégrer dans une société qui est complètement différente, là où on n’a pas nos habitudes ou nos coutumes sachant qu’on ne sait pas si on reste ou si part ? »

Discussion du groupe :

  • « Tant que dure la procédure, je ne suis pas stressé, je vais à l’école, je peux voir mes proches. »
  • « Quand on reçoit le papier avec la réponse négative, on n’est pas motivés à apprendre, on n’est pas stables. On ne sait pas quand ? où ?
  • « Quand arrive la réponse négative, on est pris par le stress et on est coincés par le temps, on est paralysés. »

Question : « qu’est-ce qu’il est possible de faire ici et maintenant pour que le futur soit moins difficile ? »

  • « En étant Dublin je n’ai pas de futur ! »
  • « Il y a beaucoup d’entraide entre nous, on souffre de ce qui arrive aux autres, on s’entend, on s’accompagne. »
  • « J’ai toujours vécu que la guerre, est qu’il y aura un jour la paix ? »
  • « J’ai laissé mon petit enfant, j’ai dû partir »
  • « Je suis seul depuis si longtemps, je ne veux plus rien attendre de mon pays. »
  • « Je ne reconnaîtrais pas ma petite sœur dans la rue, celle qui est née après mon départ. »
  • « Je fais des cauchemars où je suis impuissante à sauver mon enfant. »
  • « C’est notre destinée : ma maman est au pays, mon frère dans un autre pays européen, ma sœur encore dans un autre, la moitié de la famille dans le pays voisin de mon pays d’origine. »

Discussion générale sur toutes ces souffrances et concernant une jeune femme du groupe qui vient d’apprendre son renvoi dans un pays tiers.

Les intervenants proposent de déposer un carnet qui resterait à MdM, qui gardera une trace des gens qui ont passé par là et aidera à penser à eux.

Une femme dit : ici on se sent écoutés et on est des être humains. Elle dit qu’elle est soulagée en sortant d’ici.

Les personnes continuent à dire qu’elles aimeraient faire un témoignage de ce qu’elles vivent.

26 avril 2017. Quatrième séance

7 participants : 5 femmes (dont le jeune femme avec l’avis négatif) et deux hommes.

Le sujet repris de la dernière fois est la question du désir de témoigner : témoignage individuel ou collectif ? Où, avec qui ?

Les participants amènent la problématique de : comment vous, vous pouvez savoir dans quelles souffrances nous vivons ?

Alain parle de la possibilité de témoigner lors de la Journée des réfugiés dans le cadre de l’Eglise protestante.

Toutes les personnes présentes s’expriment à titre personnel sur le souhait de témoigner ou non et de la faire à titre individuel ou collectif. Un mode collectif est choisi, mais avec la possibilité de dire chacun quelque chose. Le choix de l’Eglise pour témoigner pose problème, certains de veulent pas entrer dans une église.

Plusieurs échanges assez vifs ont lieu…puis la pause.

Un consensus se dégage en faveur de personnes qui représenteraient le groupe et parleraient un son nom. Deux femmes se portent volontaires, les autres restent libres d’assister ou non au culte des réfugiés qui aura lieu à St Jean le samedi 17 juin.

Toutes les personnes écrivent une phrase personnelle sur une feuille commune, chacun-e dans sa langue (reste à MdM), qui résume ce qu’elles ce dont elles veulent témoigner (trad fr.) :

  • « Je demande qu’on puisse décider de notre sort positivement ou négativement, mais qu’on ne nous laisse pas dans cette attente morbide qui nous fait une pression énorme. »
  • « Mettez-vous à notre place et partagez notre peine ! »
  • « Qu’elle est belle cette loi qui dit : ce que vous acceptez pour vous-même, ne le refusez pas aux autres ! » « Maman, papa, je suis très fidèle à l’éducation que vous m’avez inculquée. Je ne vous ai jamais trahis. »
  • « Je suis syrien, je demande à tout le monde d’arrêter la guerre en Syrie : »
  • « Tout ce que je souhaite c’est de voir maman ou papa. »
  • « Je souhaite être stable parce que, jusqu’à maintenant, je ne reçois que du négatif. J’espère que la prochaine fois, ils m’envoient une réponse positive. »
  • « J’ai beaucoup souffert et j’espère que ces souffrances cessent un jour. »

Alain résume les 3 principaux thèmes qui ont été abordés : la famille, la souffrance, la recherche de stabilité et de sécurité. Tout le monde est d’accord avec cela.

Photo du groupe et organisation de la préparation en vue du témoignage le 17 juin.

La Chaux-de-Fonds, le 27 avril 2017 Dire&Agir/sus

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