Définitions
Maturité sexuelle chez les adolescents
La maturité psychoaffective est en général beaucoup plus lente que la maturité biologique.
- Un individu qui choisit de façon libre, autonome, réfléchie et responsable d’avoir des relations sexuelles avec la personne de son choix, qui y consent également.
- Une personne porteuse d’un désir qui chercherait à prendre corps dans une relation affectivement et positivement investie, dans une recherche de soi et si possible de l’autre.
15 ans est l’âge défini en France, qui permet à un adolescent d’avoir des relations sexuelles librement consenties avec la personne de son choix.
Il y a des jeunes « précoces » et des jeunes « pas encore prêts ».
Il y a des conduites d’évitement sexuel, et aussi des expérimentations précoces dues à des situations intrafamiliales difficiles, un abandon, des violences dans la famille, un handicap psychosocial. Le passage à l’acte précoce comprend un besoin d’amour et de reconnaissance importants. Il entraîne des situations de risque (grossesse précoce, maladies IST).
Chez les filles, il y a le regret « je n’aurais pas dû… » : elles se sont senties contraintes par un petit ami ou une autre personne, elles ont été surprises par des situations imprévues, ont l’impression de s’être « fait avoir ».
Questions présentes chez les ados :
- « Suis-je normal-e ? »
- Chez le garçon, peur de »ne pas pouvoir »….
- Chez la fille, « victime de la sexualité des garçons »…
Exercice : Faire l’inventaire des peurs
De quoi pensez-vous que les filles ont peur, que les garçons ont peur ? Sur le plan sexuel :
En tant que garçons, en quoi faites-vous peur aux filles ?
En tant que filles , en quoi pensez-vous que vous faites peur aux garçons ?
Il faut savoir que les adolescents sont la cible privilégiée d’agressions sexuelles et de situations incestueuses qui débutent souvent déjà dans l’enfance.
Les effets sont les suivants :
- Blocages à établir des relations affectives
- Difficultés à établir des rapports sexuels
- Comportements sexuels avec de multiples partenaires sans affection
- Prise de risque avec la volonté d’agresser son propre corps
Violences entre sexes
Beaucoup d’adolescents ont été témoins de violences et de conflits entre leurs parents ou leurs proches. Actes violents et paroles blessantes « qui tuent ».
Chez les garçons, il y a une force physique supérieure à celles des filles (développement musculaire lors de la puberté) et souvent une difficulté à exprimer émotions et sentiments, à mettre en mots les conflits. Cela entraîne honte et humiliation, alors qu’ils ont besoin de respect. La violence est aussi utilisée quand on se sent inférieur, dominé ou exclus.
Les garçons ont une plus grande propension à aux actes agressifs, soutenue par les stéréotypes de la virilité. Le décalage pubertaire entre filles (plus avancées) et garçons (moins développés au même âge) les poussent à se venger de ce qu’ils vivent comme un rapport d’infériorité.
Attitude des éducateurs
La violence n’est pas virile….on peut utiliser sa force pour protéger…
Les garçons sont des êtres humains qui ont des sentiments humains et qui ne considèrent pas comme légitime le fait de battre les filles.
Exercice sur les humiliations subies par filles et garçons
- Y a-t-il des mots ou des gestes qui humilient ?
- Qu’est-ce qui peut conduire une personne à vouloir en humilier une autre ?
- Comment peut-on répondre à une parole blessante ?
- Qu’est-ce qu’un garçon peut vivre comme blessant, humiliant de la part d’une fille ? (Qu’est-ce que nous disons/faisons de blessant/humiliant aux filles, comment réagissent-elles ?)
- Qu’est-ce qu’une fille peut vivre comme blessant/humiliant de la part d’un garçon ? (qu’est-ce que je dis/fais en plaisantant, en tant qu’enseignant de sexe masculin qui semble gêner/humilier/blesser une élève de sexe féminin, un élève de sexe masculin ?)
- C’est différent ou identique, en quoi ?
- Quelles alternatives ?
Définitions de la violence sexuelle, du viol :
Agression sexuelle : toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise
Viol : tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise
La violence peut être morale (viol conjugal). Les plaintes pour viol se multiplient, les femmes osent davantage en parler.
Représentations des adolescents : les violeurs sont des monstres, alors que ce sont, la plupart du temps, des proches de la victime, son petit ami…
Pour les filles, les situations de viol sont souvent identifiées comme l’agression d’un inconnu la nuit et, dans la réalité, ce sont des personnes connues (parent, ami, enseignant, proche…).
Les représentations ne sont pas correctes, donc les victimes sont troublées et pas toujours en mesure d’identifier ce qui se passe vraiment.
L’abus à l’intérieur de la famille ou l’inceste
La tendresse ne doit pas être confondue avec un acte incestueux.
Les victimes d’inceste ou d’abus subissent des sentiments douloureux, confus et contradictoires, avec un sentiment de solitude (secret), de la honte et de la culpabilité. La haine du père agresseur (explosion psychique entre l’image du père de son enfance et du père abuseur) et la haine de la mère qui n’assure pas son rôle protecteur. Violences par des personnes proches qui devaient les protéger et qui les ont trahies.
Souvent il y a corrélation entre abus sexuel et comportement suicidaire à l’adolescence.
L’engagement des corps
Ce qu’on peut dire de la masturbation…
- C’est une pratique très répandue de recherche de plaisir par soi-même, qui se vit dans un lieu d’intimité
- C’est une manière de connaître son corps et ses réactions et, pour la majorité d’entre nous, la première expérience sexuelle
- Le plaisir apporté par des caresses sexuelles est très précoce, nous pouvons nous rappeler des sensations vécues déjà quand nous étions de petits enfants
Première(s) relation(s) sexuelle(s)…
Les ados attendent que ça les transforme radicalement. Souvent un peu déçus après : « ce n’était que ça ! »
Pour le garçon, le premier rapport atteste souvent de la virilité et de la puissance. L’essentiel se joue dans sa propre représentation, l’autre est un peu secondaire. Chargé d’attente, de désir, d’angoisse, de peur de ne pas être à la hauteur.
Pas de place forcément pour de l’affectif. Difficile d’exprimer émotions et sentiments. Est dans une situation tendue, entre peurs à apaiser et machisme à dégonfler.
Pour la fille, au contraire, souvent grande idéalisation. Conditionnent à l’engagement du corps la nécessité d’être vraiment amoureuses. Il y a des filles qui surinvestissent a virginité et d’autres qui veulent s’en débarrasser.
Ne pas confondre excitation (présente même dans des circonstances non choisies p. ex), désir, plaisir, jouissance…
Puberté
La puberté est un processus déclenché par l’activation d’une hormone dans le cerveau (LH-RH) qui produit la mise en route de l’activité des ovaires chez la fille (finalement apparition des règles et de la fertilité) et des testicules (fabrication de sperme) chez le garçon. Maturation pubertaire sur plusieurs années, pas tout d’un coup.
Débuts pubertaires entre 8 et 13 ans chez les filles et entre 10 et 14 ans chez les garçons.
A la fois modification de corps et travail de maturation psychique et de modification des relations aux autres et au monde.
Filles : début vers 10,5 ans
- Apparition des seins (bourgeon mammaire)
- Pilosité, pic de croissance, modification du corps : élargissement des hanches, modification de la répartition des graisses
- Apparition des règles, c’est la ménarche. Cycles parfois irréguliers, peuvent être douloureuses, abondantes (perte de fer, faiblesse). Période fertile difficile à identifier.
- La croissance s’arrête ou peut continuer jusqu’à 15 ans ainsi que le développement mammaire.
- Contraception ???
Garçons : début vers 11,5 ou 12 ans
- Augmentation discrète du volume testiculaire
- Pilosité pubienne
- Accélération de la croissance, développement musculaire important, avec pilosité générale, développement de la verge et pigmentation du scrotum.
- Premières éjaculations vers 13,5, 14 ans en même temps que forte accélération de la croissance
- Mue de la voix
Inquiétudes sur la taille de la verge, alors qu’il n’y a aucun rapport entre durée d’un rapport sexuel et taille de la verge. Plaisir féminin dépend de l’excitation clitoridienne.
Odeurs corporelles fortes, hygiène à surveiller.
Erections non contrôlées.
La sexualité n’apparaît pas magiquement à la puberté, elle a été précédée de nombreux épisodes, depuis la naissance. Pulsions qui s’appuient sur l’instinct de conservation et de reproduction. Et définition de soi comme être sexué.
Ecole est un lieu important
L’école est un lieu d’apprentissage et un lieu social qui force l’enfant à fréquenter des enfants du même âge. Il se définit là comme être sexué.
L’école constitue un lieu dans lequel on peut travailler un certain nombre de questions.
- Prévention des risques sexuels
- Messages pour renforcer l’enfant dans l’idée que son corps lui appartient et qu’il est seul à savoir ce qui lui fait du bien et ce qu’i n’aime pas, et qu’il a le droit d’interdire à un adulte de le toucher s’il n’en a pas envie.
- Dépistage de situations posant problème : inceste, maltraitance sexuelle…
Entre 11 et 14 ans (filles) et 12 et 15 ans (garçons), la puberté s’installe et est décalée entre filles et garçons.
C’est un moment difficile à passer, la tête doit s’adapter à ce qui se passe dans le corps. C’est le moment d’une sorte de séparation, différenciation d’avec les parents, le jeune doit s’affirmer et faire ses choix. Beaucoup de questions se posent.
Les enseignants sont des personnes-ressources importantes, adultes mais pas parents. Si la confiance règne, ils peuvent être investis d’un rôle important d’écoute et de conseil.
Source principale: « Parler de sexualité aux ados », Dr Nicole Athéa, Eyrolles 2006. Transcrit par Sylvie Uhlig Schwaar, automne 2017.